Diderot et l’intelligence artificielle dans ma chambre à coucher

Qu’ont en commun un philosophe du XVIIIe siècle et l’intelligence artificielle?

Ma chambre à coucher pardi!

Mais revenons un peu en arrière…

Après avoir passé beaucoup de temps à désencombrer mes affaires puis à les organiser, j’en suis à l’étape “rendre la maison belle”. Bon, il faut dire aussi que j’ai le temps et que j’en profite! La dernière victime en date (au sens de lastest mais aussi de last (en tout cas c’est ce que mon mari espère!)) est notre chambre, et nous l’avons récemment refaite peindre en bleu marine. Mon but était de rendre la pièce un peu plus intime, car elle est vraiment à l’échelle américaine du mid-ouest et pas très cozy.

Voici ci-dessous les photos originales (avec les essais de différentes peintures, je n’avais pas l’idée de publier un article dessus et je n’ai pas de vraies photos “avant”) et le résultat après peinture. Pas mal?

Côté lit, avant
Après
Coin lecture: avant
Après
Notre commode, avant (y’avait de la déco dessus, enlevée pour faire les essais peinture.)
Après

Mouais.

Sur ces entrefaits intervient ce qu’on appelle l’effet Diderot, c’est-à-dire que me voilà insatisfaite avec le reste de la chambre (pour plus de détail, je vous laisse lire la page Wikipedia, c’est intéressant). Du coup, je me dis que quelque chose doit changer. Mais quoi?

Entre en scène les modèles d’intelligence artificielle. Comme je l’avais décrit dans cet article, je les utilise déjà pour quelques applications, et j’avais vu dans un groupe Facebook de design des gens s’en servir pour faire des simulations de déco d’intérieur. Ni une ni deux, me voilà embarquée pour quelques heures en tête à tête avec ChatGPT pour explorer comment retrouver mon “unité Diderot”.

Comme une photo parle mieux qu’un long texte, je vous mets une sélection ci-dessous et quelques observations entre les séries de photos. J’ai exploré les trois coins principaux de la chambre: le lit, le coin lecture et la commode.

Un des premiers rendus: ChatGPT adopte tout de suite une palette de couleurs avec du bordeaux.
Ici, j’ai personnalisé le prompt en lui disant que j’aimais bien Klimt et le steampunk.
Ça n’a pas été immédiat, mais on se rapproche de quelque chose qui me va.

La palette de couleurs

ChatGPT est parti sur une première palette bleue et bordeaux, qui semble en effet assez naturelle (je lui avais demandé de garder les meuble, ce qu’il a globalement fait à part pour les tables de nuit, mais je le comprends car je ne les aime pas non plus). Grâce à ces rendus, j’ai réalisé que même si la couleur rouge foncée est sympa, je ne veux pas d’un truc qui ressemble à du sang séché dans la pièce où je dors. Je lui est donc demandé d’explorer d’autres palettes de couleur, et il m’a proposé du vert et du jaune/orange. J’ai fait une première série d’achats pour la palette verte, mais je n’en suis pas ressortie convaincue. Du coup, j’ai utilisé ce site web pour explorer d’autres couleurs, et j’ai choisi la palette classy ci-dessous. Ce sont aussi des couleurs qu’aime mon mari, ouf!

Un des premiers rendus avec une palette incluant du bordeaux. Ça rend bien mais je trouve que ça ne se prête pas forcément à la détente.

Une palette de couleur avec du vert. ChatGPT a vraiment eu du mal à garder la grande fenêtre à côté de la cheminée. Il a aussi beaucoup galéré avec le format « paysage » de l’image d’origine malgré mes instructions.
À part le tableau un peu trop fleuri, j’aime bien.

Les accessoires

Les rendus de ChatGPT m’ont fait réaliser que ce qui me dérangeait dans la chambre nouvellement peinte étaient la couleur des rideaux et de notre literie. C’est là qu’on est en plein dans l’effet Diderot: il fallait mettre à jour tout ça pour que ça aille avec les murs! (À défaut de ma robe de chambre. Ceux qui ont lu l’article Wikipedia savent).

Du coup, je ne me suis pas endettée comme Diderot, mais notre projet « chambre » est devenu trois fois plus cher que ce qui était prévu. Gloups!

Commode version 1 avec un miroir.
Commode version 2 avec un gallery wall.
Sympa ces tableaux superposés.
Petit essai dans les tons verts.
Essai avec la palette de couleurs « classy ».

Les tableaux

L’avantage de ces rendus est aussi d’explorer différentes possibilités de déco, comme pour la commode ci-dessus. Au final, une part non négligeable du surcoût est surtout dû à l’acquisition de tableaux “originaux” (*) que j’ai générés avec ChatGPT et Midjourney (j’utilise les deux en fonction de ce dont j’ai besoin).

Le gros avantage était de pouvoir faire des tests grandeur nature avant d’acheter lesdits tableaux. Après avoir augmenté la résolution des images candidates (j’utilise ce site), je les ai imprimées à l’échelle. Quelques bouts de scotch plus tard, nous avons pu avoir un aperçu IRL et choisir la taille et l’image que nous préférions (j’attends encore les tableaux finaux, je mettrai à jour l’article une fois qu’ils seront installés).

Assemblage d’un tableau en papier: j’étais bien contente d’avoir un coupe-papier!
Premier essai: c’est trop grand et trop mauve! (Vous remarquez qu’entre temps, j’ai suivi les conseils de ChatGPT et changer la couleur des draps.)
Le tableau que j’ai finalement commandé: troisième essai seulement!
Perso, j’aimais bien cette fleur mais mon mari n’a pas trop accroché.
Sur une idée de mon mari (« La Grande Vague de Kanagawa ») mais revisitée avec notre palette de couleur et façon street art (inspiré des goût de mon fils).
Je cherchais à avoir quelque chose de plus « profond », d’où la mise en abyme et le rendu sur un mur de brique.
Le dernier essai sera-t-il le bon?

En conclusion, j’ai apprécié ce projet concret réalisé avec l’aide de l’IA, car j’ai du mal à visualiser ce genre de chose dans ma tête et cela m’a aidée non seulement brainstormer des solutions, mais aussi à créer des pièces uniques et parfaitement adaptées à l’espace et à notre goût. C’est quelque chose qui n’était pas accessible au commun des mortels il y a trois ans, tant au niveau coût que technologique, mais qui est maintenant réalisable assez facilement (ceci dit, je pense que l’IA sort tout droit de la boîte de Pandore… et comme Pandore, je suis trop curieuse et j’aime expérimenter!)


(*) Je mets des guillemets, car je les considère plus comme une création de tous les artistes qui se sont fait voler leurs œuvres pour entraîner ces modèles (je suis maintenant à peu près convaincue que l’entraînement de ces LLM enfreignent le “fair use” permis par le copyright, même si la justice américaine jugera sûrement du contraire). Bien sûr, j’ai passé du temps à les générer et à les retravailler, mais ma plus-value dans l’histoire est surtout un travail de curation plus que de création.

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