Même si j’essaie de prendre un peu de distance avec l’actualité en écoutant des émissions dites d’analyse, je prête tout de même l’oreille à la rumeur du monde… Et de temps en temps, ce que j’entends m’irrite au plus haut point. En voilà quelques exemples récents :
- Lors d’une émission radio où les intervenants parlaient du traitement des réfugiés aux Etats-Unis (Left, Right and Center sur KCRW), une interlocutrice soulignait ce sont majoritairement des femmes et des enfants. Sous-entendu : ces réfugiés ne sont pas dangereux. De façon insidieuse (et j’ai l’impression récurrente lorsqu’on parle de populations dites fragiles), voilà encore une fois les femmes mises sur le même plan que des enfants, c’est-à-dire des individus mineurs et à la responsabilité limitée.
- Le week-end qui a suivi les attentats de Paris était riche en actualité et il était très tentant de se laisser emporter par les « directs » sur les attentats, comme une berceuse lancinante qui atténuerait le choque. Il me semble néanmoins que ce qui se jouait au niveau international, à Vienne et au sommet du G20 en Turquie, était tout autant important (boots on the ground anyone ?). Voici un extrait du communiqué final du G20 : « La croissance économique mondiale est inégale et continue à rester inférieure à nos attentes […] Nous demeurons déterminés à réaliser notre ambition d’accroître le PIB global des pays du G20 de 2 % supplémentaires d’ici 2018». Du coup, j’ai eu l’impression que le sort de la COP21 était déjà joué, tant on peut se demander comment concilier cette exigence de croissance avec les objectifs de limitation du réchauffement climatique.
- Dans la même veine, cela me rappelle un intervenant d’une émission de radio (que je n’arrive malheureusement pas à retrouver) qui scandait « Il faut que la Chine passe à une économie de service et que les Chinois se mettent à consommer plus !». Je ne comprends pas que des journalistes puissent encore laisser s’exprimer ce genre d’individus sans les challenger sur ce qu’implique leur raisonnement en termes d’impact environnemental.
- Ce doit être un journaliste de la même promo que celui du Point qui rapporte l’histoire de jeunes parents qui ne veulent pas faire vacciner leurs enfants : très peu de place est laissée aux rappels des faits scientifiques et l’impression générale de l’article laisse planer un doute dans la tête d’un lecteur peu averti, puisque celui-ci va retenir qu’ »il y a des études sérieuses qui sont menées aujourd’hui et qui prouvent que les vaccins peuvent rendre malades nos enfants plus que les protéger ». Il aurait été bon de consacrer un paragraphe à répondre sur le fond à ces arguments (les adjuvants, la notion de dose…), sous peine de contribuer à la mésinformation trop répandue sur le sujet.
- Pendant que j’y suis, que penser du journaliste de Libération qui va boire une bière en terrasse avec quatre Grenoblois et qui en tire un article intitulé « A Grenoble, les habitants «n’ont pas peur » ?
Si j’étais dans une humeur un peu plus noire, je dirais qu’il en va de même pour les journalistes que pour les politiques, on a ceux qu’on mérite. Ou qu’il faut peut-être que j’arrête de lire n’importe quoi.
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Sur les vaccins (ou tout sujet controversé), je suppose qu’il s’agit d’un trait journalistique probablement perçu comme vertueux par celui qui la pratique, consistant à présenter les points de vue de façon « équilibrée » (oubliant par là que toutes les opinions ne se valent pas, et certaines ne méritent pas mention). Cf. http://rationalwiki.org/wiki/Balanc…