J’avais ce projet dans mes cartons depuis plus d’un an et le mois dernier, j’ai enfin pris le temps de le finir: publier un livre pour enfant basé sur une histoire que j’avais inventée pour Lottie. Je ne vais pas m’étendre sur le contenu du livre, puisque vous pouvez le trouver dans le livre du mois #8, ou encore mieux, l’acheter sur Amazon.fr (ou Amazon.com si vous êtes aux USA). Depuis, j’ai également publié Agna la petite sirène, inspiré d’une histoire que je racontai cet hiver à Lottie (par ici pour le lien américain).
Comme je pense que c’est une idée qui plairait à beaucoup de parents (j’imagine que publier un livre est une envie de 86% de l’humanité (86% car c’est malheureusement le taux d’alphabétisation mondial des plus de 15 ans (source)), voici un petit DIY sur le sujet: c’est finalement beaucoup plus facile que ça n’en a l’air et j’espère que cela vous encouragera à vous lancer.
- J’ai utilisé les services d’Amazon pour auto-publier le livre (apparemment, il faudrait plutôt dire autoéditer). A travers sa plate-forme Kindle Direct Publishing (KDP de son petit nom), le géant du web, comme dirait un journaliste du Monde, propose en effet un service d’autoédition très simple: l’entreprise fournit un numéro ISBN gratuitement et surtout imprime l’ouvrage à la demande. Pas la peine d’avancer une grosse somme à un éditeur pour imprimer un certain nombre de tomes dont on n’est même pas sûr de les vendre. Pour ma situation particulière qui est de vivre aux Etats-Unis mais d’écrire en français, c’est encore plus confortable car le livre est disponible sur tous les sites d’Amazon, que ce soit en France ou aux Etats-Unis ou au Canada. Cependant, cette facilité d’utilisation vient avec des compromis: le livre n’est disponible que sur Amazon, les formats sont limités et il n’est possible que d’avoir un livre broché, c’est-à-dire avec une couverture souple.
- Quelques détails techniques sur la plateforme KDP: il faut bien sûr créer un compte sur le site pour commencer; ensuite, la publication se fait en trois étapes:
- Fournir les informations sur le livre: langue, titre, auteur(s), résumé, mots clefs etc.
- Définir le contenu: type de papier, taille de coupe (lire « taille du livre »), fini de la couverture (mat ou brillant), et surtout contenu. Pour celui-ci, il suffit de télécharger deux fichiers pdf aux dimensions adéquates (un pour le contenu du livre et un pour la couverture), et c’est parti – modulo quelques détails de mise en page. KDP supporte aussi les extensions .doc, .docx, .html et .rtf pour le manuscrit, et propose un outil pour créer une couverture. Sur la taille du livre, il n’y a malheureusement qu’un seul format qui soit du type « paysage » (celui que j’ai sélectionné, 20,96 cm x 15,24 cm). Il y a également la possibilité d’avoir un fond perdu (c’est-à-dire des images qui vont jusqu’au bord des pages), mais j’avoue que je ne maîtrise pas encore totalement cette option. Tous les détails sur les formats possibles pour les livres se trouvent sur cette page.
- Enfin, il s’agit de choisir le prix de vente de l’ouvrage, qui va déterminer notamment les royalties touchées par l’auteur (plus de détails ci-dessous). Et d’accepter les conditions générales bien sûr.
Une fois tout cela validé, votre livre sera disponible en ligne dans un délais de 72 heures (souvent beaucoup plus court), et bénéficiera même des avantages Premium (Prime aux US). Il est également possible de modifier certaines choses par la suite, notamment de mettre à jour les fichiers du manuscrit, de la couverture ou encore les mots clefs, mais les informations comme le titre ou l’auteur principal ne sont pas modifiables (j’imagine qu’elles sont attachées au numéro ISBN).
- Vous ne savez pas dessiner ? Eh bien, moi non plus. Mais par contre, comme je l’expliquais dans ce billet, je sais me servir d’un logiciel de retouche d’image. Dans mon cas, je jongle avec Paint (oui oui, Paint, très pratique pour les retouches de base et modifier les couleurs avec l’outil « seau » (l’outil de remplissage), Gimp et surtout Inkscape, qui permet de modifier des images vectorielles (Gimp comme Inskape sont des logiciels libres et gratuits). Je réalise la mise en page avec Power Point puis je sauve le fichier en format pdf.
- Mais tous ces logiciels ne vous apprennent pas à dessiner ! De fait, j’ai trouvé les dessins de base soit sur un site de cliparts gratuits, openclipart.org (qui autorise l’utilisation des cliparts à des fins commerciales), soit sur le site vectorstock.com. Sur ce dernier site, afin de pouvoir publier le livre, il m’a fallu acheter les droits commerciaux des images, ce qui s’appelle la licence étendue, mais elle reste très abordable (généralement de l’ordre de 25 dollars par fichier).
- Petite note sur les coûts et le prix du livre: pour Le caca arc-en-ciel, j’ai dû acheter 3 fichiers sur vectorstock à 25 dollars et un à 50, soit 125 dollars, plus le coût de deux livres « prototypes » commandés sur Amazon (je ne parle pas de la licence pour Power Point, mais oui, je paie aussi une licence MS Office, il faut faire les choses correctement lorsqu’on se lance dans la création d’entreprise…) Bref, sans compter bien sûr mon travail (inchiffrable diraient certains), cela m’est revenu à 140 dollars. Maintenant, sur les revenus : avec le prix que j’ai fixé sur le livre, 8 dollars au US, ce qui donne 7.52 euros en France (cela varie en fonction du taux de change), j’ai des royalties de 1.15 dollars lorsque que quelqu’un achète un livre sur Amazon.com et d’environ 2 euros lorsque quelqu’un achète sur Amazon.fr (les coûts d’impression ne sont pas les mêmes de part et d’autre de l’Atlantique). Il faudrait donc que le livre se vende à plus de 70 exemplaires en France pour que je commence à faire du profit. Sachant que mes billets sur les livres du mois sont lus en moyenne par 40 personnes (ce sont mes billets qui ont le moins de succès), il faudrait que chaque lecteur achète environ 2 livres (car c’est ma seule publicité hormis le bouche à oreille). Bref, vous l’aurez compris, ce n’est pas Le caca arc-en-ciel qui va mettre du beurre dans mes épinards… Pour Agna la petite sirène, j’ai été un peu plus frugale et j’ai utilisé au maximum des cliparts gratuits, mais j’ai quand même dû acheter les dessins d’Agna et de son compagnon Maki, ce qui, en comptant un livre prototype, donne un coût de création de 56 dollars.
- Pour finir, parce que maintenant que j’ai fait le premier pas, j’ai des projets de livres plein la tête, à commencer par des livres bilingues, car il n’y a pas de raison que les petits anglophones ne découvrent pas la merveilleuse histoire du Rainbow Poop. J’ai donc créé un label sous lequel je compte regrouper mes créations: Charlie & Ozzy, une maison d’édition maison qui ne se prend pas au sérieux, mais qui a quand même un site web.
Quelques caveats comme on dit ici (c’est du latin, alors je pourrais laisser tel quel, mais dans ce contexte, on traduirait par « avertissements » ou « remarques »):
- Je ne prétends en aucun cas devenir un écrivain pour enfants professionnel! (Même si les textes sont plus travaillés qu’il n’y paraît.) Si j’ai parlé du caca arc-en-ciel dans le livre du mois, c’est surtout pour en faire la promotion: on n’est jamais mieux servi que par soi-même et en l’occurrence, je ne suis servie que par moi-même. En réalité, il est très peu probable que j’aurais jugé mon livre suffisamment bon pour faire partie de mon best-of des livres pour enfants.
- En faisant la promotion d’une auto-publication, je ne dénigre pas le travail des maisons d’édition: je pense que le travail d’éditeur est très important dans la publication d’un livre et on voit vite ceux où le travail n’a pas été fait, ou mal fait. Rien ne remplace les yeux expert et le savoir-faire d’un professionnel et d’ailleurs, je pense que le métier pourrait s’étendre à l’édition de blog également (avoir quelqu’un pour relire les billets, donner son avis, pousser l’auteur à aller plus loin, à la fois au niveau du contenu et de la forme, à recadrer la ligne éditoriale…)
Vous voulez aussi vous lancer dans l’aventure de l’autoédition ? Je vous invite à rejoindre le label Charlie & Ozzy. Vous n’y trouverez rien de sérieux, juste l’envie de se faire plaisir et de faire plaisir aux enfants de votre entourage, en mettant en scène les histoires que vous avez inventées pour eux et avec eux !
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Avec les formats 20,96 cm x 15,24 cm, j’ai également eu des collectors 20,96 cm x 16,24 cm !
Est-ce qu’ils prendront de la valeur plus tard ? 🙂