Puisqu’il y a en ce moment un débat sur la place du religieux en France, j’aimerais parler des fêtes nationales, qu’elles soient religieuses ou liées à notre histoire. Je ne nie pas que la France ait été à une époque la première fille de l’Eglise, et je suis la première à aimer les jours fériés, mais il me semble qu’il serait temps de revoir le calendrier:
- Réduire le nombre de jours fériés religieux. De façon personnelle, je préfèrerais que l’on garde les fêtes qui sont maintenant un élément de la culture populaire française, même pour les personnes non croyantes (j’aime mon chocolat!): Pâques, Toussaint et Noël. Mais il y a trois jours fériés chrétiens (Ascension, Pentecôte et Assomption) par lesquels je ne me sens pas du tout concernée (les athées et les personnes se déclarant non religieuses représentaient en 2012 63% de la population française! [référence])
- Uniformiser le nombre de jours fériés dans toute la France (eh oui, quelle bonne surprise de vivre en Alsace-Moselle et d’avoir le 26 décembre et le vendredi de Pâques!), en tirant vers le haut bien sûr.
- Supprimer le jour férié qui célèbre la fin d’une guerre centenaire contre le pays dont nous sommes maintenant le plus proche. Bref, je commencerai par supprimer le 11 novembre (je ne me risque pas de proposer la suppression du 8 mai, puisque j’estime que le devoir de mémoire reste encore trop important sur cette guerre.)
A la place des 4 jours fériés qui me semblent inadéquats, que pourrait-on célébrer?
- Le 25 mars, jour de la création de la Communauté économique européenne (1957) – ou toute autre date clef de la construction européenne. Nous avons une fête nationale, pourquoi n’avons-nous pas en Union Européenne une fête commune qui commémore et célèbre la création de ce niveau de gouvernement supranational? (l’absence d’un tel jour est probablement représentatif du manque de popularité de l’UE).
- Le 30 avril, signature de l’Edit de Nantes (1598). Ce serait l’occasion d’un dialogue sur la laïcité.
- Le 4 août, l’abolition des privilèges (1789), et nous aurions l’opportunité d’échanger sur l’égalité, une des trois composantes de notre devise nationale, et dont il y a fort à dire et à redire.
- Le 10 décembre, adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme par l’Assemblée générale des Nations Unies (1948). Ce pourrait être également le 26 août (1789), date à laquelle la Déclaration des Droits de l’Homme a été votée par l’Assemblée Constituante. Mais je préfère le 10 décembre de par le côté universel de l’évènement – c’est un jour férié que l’on pourrait partager dans tous les pays.
Je pense également à d’autres dates, comme:
- Le 12 avril (1961), le premier homme dans l’espace (déjà célébré de par le monde par la communauté spatiale, même aux Etats-Unis qui ne sont pas rancuniers).
- Le 10 décembre encore, jour de la remise des prix Nobel, pour dire que oui, la science est quelque chose d’important pour notre société (c’est en fait le jour d’anniversaire de la mort de Monsieur Nobel).
Même si modifier le calendrier des jours fériés serait avant tout symbolique, de tels symboles sont constructeurs de notre récit national . Je suis sûre que les idées ne manquent pas!
Es-tu au courant de l’existence du rapport de la commission Stasi (un nom facile à retenir) ? En application du principe de laïcité, il proposait de supprimer deux jours fériés correspondant à des fêtes catholiques, et de rendre fériés les jours correspondant aux fêtes de Kippour et de l’Aïd. Plus généralement, je trouve intéressant et un peu paradoxal qu’une des plus illustres manières de commémorer un évènement passé (fin de guerre, résurrection, etc)… soit de ne pas travailler ce jour-ci. Sous cet angle, les préconisations du rapport Stasi faisaient sens: les grandes fêtes religieuses donnent l’occasion aux pratiquants de se réunir en famille, ce qu’il est plus pratique de faire un jour férié.
Inversement, même en tant qu’europhile, je ne vais pas aller faire un pèlerinage au parlement européen le 25 Mars… ou alors, ce sera plutôt pour aller boire de la bière. 😀