Il y a notamment deux démarches que nous n’avions pas eu à faire en France:
1. L’inspection (home inspection): une fois que les vendeurs et les acheteurs se sont mis d’accord sur le prix de la maison, il est recommandé de faire effectuer une inspection de la maison (aux frais de l’acheteur). Un inspecteur certifié fait le tour de la maison, regarde notamment la structure, l’état du toit, des murs (humidité, craquelures…), l’électricité, la plomberie, des appareils électriques, ainsi que les infestations potentielles de nuisibles (termites et autres). Il dresse un rapport complet, en soulignant les points les plus critiques: nous avons donc appris (entre autres) que notre toit arrivait en fin de vie, que la polarité de certaines prises était inversée et que le tableau électrique était mal câblé. Suite à cette inspection, il est tout à faire possible de sortir de l’accord de vente et de récupérer son dépôt. En pratique, s’ouvre souvent une deuxième phase de négociation, où l’on peut demander aux vendeurs de faire certaines réparations et/ou de donner un crédit lors de la signature (nos vendeurs ont du refaire un traitement contre les termites et nous avons également négocié un petit crédit). Cette inspection peut être exigée par la banque pour finaliser le prêt. Dans un marché favorable aux vendeurs (comme en Californie ou même pour certaines maisons à Pittsburgh), il arrive que les acheteurs renoncent à l’inspection afin de donner plus de valeur à leur proposition d’achat (to waive the inspection), ce qui est bien sûr fortement déconseillé, mais j’imagine nécessaire dans certaines circonstances (c’est ça de vivre dans un pays où la loi du marché est reine).
Notez que l’inspection comprend aussi une mesure du radon ambient dans la maison. Encore une découverte! Je n’avais jamais entendu parler du radon en France et j’ai tout d’abord pensé « est-ce qu’ils n’exagéraient pas un peu les Américains avec le danger des produits chimiques ? » (voici un très bon SMBC sur le sujet). Après une petite recherche, il apparait que le radon est un gaz radioactif naturel qui peut provoquer le cancer du poumon (source). C’est même la seconde cause de cancer du poumon après la cigarette, avec une estimation de 21 000 mort par an aux USA (la cigarette en provoquerait 160 000). En France, d’après l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), le radon pourrait jouer un rôle dans 10% des 25 000 décès annuels dus au cancer du poumon. Lors de l’inspection, une mesure de radon est donc réalisée pour s’assurer que l’on est en deçà des valeurs préconisées par l’EPA (Environmental Protection Agency). Dans notre maison, il y a des petits ventilateurs dans le sous-sol pour réduire la quantité de radon accumulé, qui ne doit pas dépasser 148 Bq/m3 (4 pCi/L) d’après l’EPA. Il en va d’ailleurs de même au Canada, qui a d’ailleurs un seuil différent (200 Bq/m³), encore différent du seuil recommandé par l’OMS (« The WHO’s new annual recommended reference level is 100 Bq/m³, with an upper limit that should not exceed 300 Bq/m³ »). Par contre, motus et bouche cousue en France, dont certaines régions sont susceptibles d’être très exposées. La règlementation est peut-être en train de changer (j’ai trouvé des papiers de recherche sur le sujet), mais en attendant, ça sent le scandale sanitaire qui n’attend qu’un journaliste un peu curieux… (on parle quand même de près de 2500 morts par an). A noter que l’IRSN a fait une campagne de mesures (à prendre avec des pincettes, car beaucoup de facteurs réduisent la qualité des données) et qu’elle a trouvé que les moyennes vont de 22 Bq/m3 (Paris) à 264 Bq/m3 (Lozère).
2. L’estimation de la banque: avant d’accorder le prêt immobilier, la banque fait sa propre estimation du prix de la maison (aux frais de l’acheteur quand même). Si la banque considère que la maison vaut moins que le prix d’achat, le prêt ne pourra se faire (je pensais que c’était plus une formalité qu’autre chose, mais c’est arrivé récemment à des amis). Une manière de s’assurer que la banque retrouvera ses petits en cas de défaut de l’acheteur.
3. Enfin, avant le closing (la signature de la vente), les acheteurs se rendent une dernière fois dans la maison vide pour que tout le monde soit d’accord sur ce qui est inclu dans la vente (final walk-in). Dans notre cas, la propriétaire avait pris le temps de venir pour nous expliquer les petits trucs à savoir et nous avons bien apprécié le geste.
A savoir que les droits de propriétés du sous-sol font l’objet de clauses particulières (dont je ne suis pas familière pour la France): les propriétaires ne sont pas obligés de les céder. De plus, comme nous sommes dans une ancienne région d’exploitation de charbon, il y a un risque que la maison ait été construite sur une ancienne mine. On peut prendre une assurance spécifique liée à ce risque, mais grâce aux cartes publiées par le Department of Environmental Protection de la Pennsylvanie, nous avons pu déterminer que ça ne valait pas le coût, au sens propre du terme.
Et cela conclut cette série de billets sur nos aventures immobilières aux Etats-Unis! Finalement, il y a beaucoup de choses similaires avec la France (beaucoup de paperasse!), mais également pas mal de différences et de subtilités que nous avons dû apprendre sur le tas. Et qui nous ont permis de découvrir un nouveau côté de l’Amérique.
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