En ce mois de décembre, nous sommes avec notre petite Lottie de 3 ans en pleine effervescence de Noël, je devrais dire plutôt en plein débat de Noël, car la grande question familiale est: faut-il lui faire croire au Père-Noël? Nous sommes une famille d’athées, et la question semble en effet légitime: si nous ne lui parlons pas d’un être que nous pensons imaginaire alors que des milliards d’autres humains ont foi en son existence, pourquoi nous embêter avec une créature en laquelle seuls croient les enfants de moins de 6 ans ?
De façon curieuse, et alors que je ne me souviens pas y avoir jamais cru, j’aime ce mythe du Père-Noël, et j’aide même ma fille à y croire. Voici mes raisons :
- Développer un sens du merveilleux: bien sûr, le sens du merveilleux peut se développer de plein de manières différentes, et d’ailleurs, j’aurais tendance à dire que plus y a de manières, mieux c’est. C’est important de savoir s’émerveiller dans la vie, voire de la vie, et surtout d’en garder la capacité lorsqu’on grandit. Cela permet de faire face à une réalité parfois maussade et triste avec un cœur plus solide. On peut s’émerveiller de plein de choses : un coucher de soleil, un bébé qui sourit ou deux aimants qui s’attirent. Le sens du merveilleux, c’est aussi une bonne base pour développer son imagination. Croire à la magie de Noël, même pendant les courtes années de la petite enfance, c’est croire qu’un autre monde est possible. Et ça, c’est très très important pour se donner du cœur à l’ouvrage.
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Apprendre la générosité: le Père-Noël donne des cadeaux en échange de… rien! (Pas comme la petite poule rousse!) Je sais que le mythe veut qu’il n’apporte des jouets qu’aux enfants sages, mais je ne corrobore pas cette version. Si Lottie n’est pas sage ou fait une bêtise, elle est punie et c’est tout. Pas de chantage aux cadeaux de Noël dans notre petite famille. La générosité, c’est donner sans rien attendre en retour, et le Père-Noël en est un beau symbole. Un peu d’inconditionnel fait beaucoup de bien dans la vie. Et plus tard, j’espère que cela se transformera en plaisir d’offrir. J’ai toujours trouvé dommage qu’acheter des cadeaux de Noël deviennent une corvée alors c’est super de choisir quelque chose pour faire plaisir aux gens qu’on aime!
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S’exercer à la pensée critique: car oui, il y a un moment où l’enfant va questionner le mythe, et c’est là où les parents devront répondre honnêtement aux questions posées (« Mais comment le traineau tient-il dans le ciel ? » et autres interrogations liées à la physique du Père-Noël). Cela marque aussi le début de l’autonomie intellectuelle de l’enfant, qui se rend compte que ses parents et la société ne disent pas toujours la vérité, ou alors la déguisent pour certaines raisons. Et cette première petite victoire du scepticisme est une bonne chose.
De mon côté, l’histoire du Père-Noël m’a appris que l’on pouvait être puni pour dire la vérité, rapport au fait que j’ai révélé à un petit camarade qu’il n’existait pas et de ce qu’il s’en est suivi. C’est là où j’ai compris que le monde pouvait être grossièrement injuste, et qui sait, c’est peut-être l’origine de mon penchant pour les causes liées à la liberté d’opinion, d’expression et de conscience. D’ailleurs, en ce moment, c’est la campagne annuelle 10 jours pour signer d’Amnesty International, alors si vous pensez comme moi que les droits de l’hommes sont universels et inaliénables, vous pouvez aller signer les pétitions en lignes en cliquant sur ce lien.
C’est très important d’éliminer le chantage aux cadeaux car c’est pour moi l’élément le plus critiquable du mythe. Il place le père Noël sur le même plan que les dieux des monothéismes et risque de devenir la seule raison pour laquelle l’enfant est sage. Sans parler de l’aspect clairement malsain du retrait de vie privée.