Comme je vous le disais dans un billet précédent, cet hiver, j’ai découvert la série Netflix Tying Up with Marie Kondo. Je sais que cette série a généré des réactions extrêmes et a déjà fait couler beaucoup d’encre, alors en voici un peu plus 😊 (même si après quatre mois, je suis bien consciente que la plupart des gens sont déjà passés à autre chose).
Je pense que si je n’avais pas vécu les sept dernières années aux États-Unis, je n’aurais pas du tout accroché. Tying Up with Marie Kondo est une véritable plongée dans la société américaine, et même californienne. Je soupçonne que certains Français ont rejeté la série en partie à cause du choc culturel – d’autant plus s’ils l’ont regardée en version doublée, j’ai essayé deux minutes en version française et j’ai eu l’impression d’avoir un avant-goût de l’enfer. La façon très excessive dont certains Américains s’expriment peut désarçonner facilement un Français et soupoudrer les témoignages d’un soupçon d’hypocrisie ou de moquerie.
Je me suis amusée à repérer les placements de produits plus ou moins réussis, en tous cas à la mesure de mon américanisation quotidienne : « Oh, j’ai les mêmes caisses en plastique achetées à Target ! » « Oh, j’utilise le même sucre ! » Il y a dans cette immersion dans l’intérieur des gens un réconfort qu’on ne trouve que lorsqu’on partage certaines trivialités.
Ceci dit, j’ai trouvé que c’était une série très humaine et réussie: on y voit toutes sortes de familles, des riches et des moins riches, qui vivent dans de grandes maisons ou des appartements, des jeunes couples qui s’installent (dont des couples homosexuels, c’est toujours réconfortant de voir à quel point la société américaine a fait des progrès sur le sujet), des parents de jeunes enfants, des empty nesters… On y voit le travail invisible qui incombe particulièrement aux femmes. On y voit un américain de deuxième génération attaché à une vieille boîte aux lettres car elle représente le symbole de son American dream: lui, l’enfant d’immigrés qui est devenu propriétaire de sa maison. On y voit un scénariste accroché à ses premiers écrits comme si c’étaient ses premières amours. On y voit une veuve avec une énorme force de vie et qui va de l’avant après avoir vécu des mois que l’on devine très difficiles suite à la maladie de son mari.
Les gens qui me connaissent le savent, j’ai énormément de mal à jeter et chaque objet que je possède représente bien plus que ce qu’il est – c’est souvent une personne ou un moment dans ma vie que je ne veux pas oublier. J’ai retrouvé ces sentiments dans la série et c’est rassurant, d’autant plus que mon bordel me semble maintenant très raisonnable en regard de ce qu’on a pu voir !
Un autre reproche que l’on fait à la série est qu’elle a poussé énormément de familles à faire du tri et que les magasins d’occasion se sont retrouvés débordés. Et vous savez quoi ? Je pense que c’est bien. Entre la tendance à kondoer sa maison (oui, parce que les Américains en ont fait un verbe : « I kondoed my closet last week-end ») et la tendance du minimalisme, j’ai l’impression d’assister au début de la fin de la société de consommation. C’est lent, ce n’est pas parfait, mais que les gens réalisent enfin que le bonheur de s’atteint pas à travers des objets, c’est un progrès.
Enfin, la dernière chose que je retiens de cette série, c’est la question que pose Marie Kondo lorsqu’il faut se décider à garder ou à jeter : « Do I want to take this with me to the future ? » Ce qui me fait penser à ce post de Seth Godin dont j’avais déjà parlé. Cette façon de prendre en compte ce que l’on veut pour le futur plutôt que ce qui nous vient du passé est très nouvelle pour moi. Elle me semble incarner une façon de penser plus américaine que française, et qui génère une puissance d’action considérable.
Et vous, vous avez regardé la série ? Qu’en pensez-vous?
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