Cet automne a encore été riche en découvertes de toutes sortes. Voici mon petit pêle-mêle de la saison:
1. Camper dans une yourte pour la première fois. J’y allais en pensant que c’était « probably a way to rent out a crappy cabin for a higher price just because it’s round » mais j’ai finalement apprécié l’expérience: un bon compromis si comme moi vous adorez camper mais que votre moitié aime le confort d’un bon lit et d’une salle de bain attenante.
2. La région de Summersville: un petit lac au sud de Pittsburgh et une petite escapade sympa pour un week-end. Je vous recommande la balade du Long Point Trail Trail Head qui finit avec une superbe vue sur le lac.
3. Pourquoi le rose n’est pas une couleur de l’arc-en-ciel: la question a été posée par la fille d’une amie qui, du haut de ses 5 ans, a mis le doigt sur une devinette de physique rigolote. Le fait est qu’il n’y a pas de rose dans l’arc-en-ciel: il s’agit d’une couleur non saturée, ce qui correspond à un mélange de longueurs d’onde et non à une fréquence unique. Cela dit, comme les couleurs de l’arc-en-ciel sont probablement contingentes à la relativité linguistique (toutes les cultures n’y voient pas les mêmes couleurs ni même le même nombre de couleurs), je mettrais volontiers le rose vers les 650 nm et pendant que j’y suis, j’arrêterai avec cette histoire d’indigo.
4. L’utilisation de Pinterest pour augmenter le trafic vers mon blog: vous avez peut-être remarqué ces petits panneaux que j’ajoute désormais à la fin de mes articles? J’ai cédé à la tendance du moment mais je dois vous avouer que si j’aime créer ces petits visuels (j’utilise Canva), je ne fais rien de ce qu’il faudrait pour que cela marche par ailleurs, tant au niveau technologique que temps passé. Bref, ça m’a gonflée au bout d’une semaine. Puis j’ai lu le titre d’un post de Seth Godin (je vous en parlais dans cet article): Social media is a symptom, not a tactic, ce qui me semble tout à fait bien tourné et m’a convaincue d’arrêter de promouvoir mon blog par le biais des réseaux sociaux (de toute façon, j’ai bien compris que sans Instagram, je n’existais pas).
Voici les visuels qui m’ont apporté le plus de visites sur Pinterest (sachant que cela reste très anecdotique):
5. De nouveaux sites où télécharger des activités à imprimer pour les enfants, comme Le petit manuel, Mother Natured, Tête à modeler ou encore fiche-maternelle (même s’il faut payer quelques dollars ou euros, je trouve que ça les vaut bien car je sais le travail que cela représente).
6. Il est beaucoup plus dur de trouver une poupée pour un garçon que pour une fille (vous allez me dire qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil). Notre petite Lottie de 5 ans réclamant depuis plusieurs mois « une poupée qui ferme les yeux », j’ai fini par céder et elle va en recevoir une pour Noël. Ayant aussi réalisé qu’il est plus facile de gérer les enfants quand ils reçoivent le même type de jouets, j’ai décidé d’offrir une poupée à notre petit Ozzy de 2 ans. Or il n’y a vraiment pas beaucoup de choix en « poupée qui ferme les yeux » version garçon! Je n’allais certainement pas payer $115 pour la poupée Logan d’American Girl et il n’existait pas d’équivalent garçon de la marque que j’ai choisie pour Lottie (Adora, qui est je trouve un bon compromis qualité/prix). J’ai finalement opté pour cette poupée-là, non sans avoir été traumatisée par les images de Carter et de son frère Adam: si vous voulez tourner un film d’horreur avec des poupées, ne chercher plus les acteurs principaux, vous venez de les trouver.
7. Réutiliser les pots de yaourts en verre Oui : les yaourts de la marque Oui sont réputés dans la communauté américaines francophone car ils ressemblent beaucoup aux yaourts classiques que l’on trouve en France. Ils coûtent un bras ($1.25 à $1.5 par pot), mais on peut les acheter à l’unité, ce qui satisfait mon fantasme de devenir zéro déchet (j’ai encore BEAUCOUP de travail à faire à ce sujet!) Les pots étant en verre, on peut les réutiliser ou les recycler (si un programme de recyclage du verre est disponible, ce qui ne va bientôt plus être le cas dans ma commune et ce qui est un scandale). J’avais mis de côté plusieurs pots dans le but d’en faire quelque chose même si je ne savais pas trop quoi. Jusqu’au jour de Thanksgiving où, Eureka ! j’ai eu l’idée d’en faire des petites verrines décorées. Sympa non ?
8. Il ne fait pas bon d’être athée et socialiste lorsqu’on veut faire de la politique aux Etats-Unis: j’ai appris l’existence de ce sondage qui date de 2012 lorsque j’écoutais les analyses des élections de mi-mandat, et il s’avère que le socialisme et l’athéisme sont les deux qualités qui pousseraient le plus les gens à ne pas voter pour les candidats qui le sont. A la question : « voteriez-vous pour un candidat qualifié qui serait XX » les gens répondent non à 50% pour un socialiste et à 40 % pour un athée, contre 38% pour un Musulman, 24% pour un homosexuel et 8% pour une femme. J’ai beau savoir que mes convictions personnelles, religieuses et politiques, sont minoritaires dans ce pays, cela m’a rappelé façon douche froide à quel point je reste étrangère.
9. La frustration de la traduction inexistante: alors que je cherchais une citation pour mon premier livre d’enfant en anglais « The papillotes », je suis tombée sur celle-là:
C’était parfait pour le sujet du livre or j’ai été incapable de traduire cette citation de manière satisfaisante. Les traductions classiques du mot « gourmandise » sont greed ou gluttony, mais il y a toujours un côté négatif et on a du mal à y retrouver les connotations positives qu’a ce « bien joli défaut » en français. J’ai essayé de trouver un équivalent avec sweet tooth mais j’y ai finalement renoncé. Une petite anecdote qui en dit long sur la différence entre les rapports qu’entretiennent les deux cultures avec la nourriture.
10. Pourquoi il ne fait pas bon investir en France: nous sommes des investisseurs par accident car nous y avons acheter un appartement en pensant nous y installer pour des années, or cela ne nous a pas empêcher de poursuivre une belle opportunité de vie à l’étranger lorsqu’elle s’est présentée. Cet appartement est actuellement loué et nous payons des impôts sur nos revenus locatifs, ce qui est tout à fait normal (voir mon point 9 sur mes orientations politiques). Récemment, une réforme de la fiscalité des Français de l’étranger a augmenté cette imposition de 10% : nous allons donc payer 47.2% d’impôt sur nos revenus locatifs l’année prochaine (au lieu de 37.2% cette année).
Même si je suis entièrement d’accord pour que les revenus fonciers et les revenus du capital soient taxés plus fortement que les revenus du travail, ce taux est supérieur à la dernière tranche d’imposition sur le revenu (45%). Avec nos trois parts fiscales, ce serait des revenus supérieurs à 461 349 euros qui serait taxés à ce taux-là. Vous connaissez beaucoup de foyers qui gagnent plus de 38 445 euros par mois vous ?
En outre, ce taux exorbitant comprend 17.2% de prélèvements sociaux. Cela présente deux problèmes: le Conseil de l’Europe ayant jugé que cette partie de l’impôt étant injuste, la nouvelle loi prévoit d’abaisser ce taux de prélèvement sociaux à 7.5% pour les résidents fiscaux en Europe. On a donc une inégalité devant l’impôt des citoyens français résidant à l’étranger. Autre problème: nous contribuons au bon fonctionnement de la société française via cet impôt, mais nous ne bénéficions plus de l’aide sociale de la France: lors de notre séjour de cet été, nous avons payé la totalité des factures de nos passages aux urgences (qui n’étaient pas très hautes heureusement).
Bref, je ne suis pas du genre à râler contre le prélèvement de l’impôt et je reconnais volontiers que je fais partie d’une minorité, et de plus d’une minorité privilégiée, mais pour le coup, c’est assez tentant de se mettre à porter un gilet jaune… Et si nous nous posions la question d’investir en France pour mettre de côté pour notre retraite, avec ces taux-là, le sujet n’est plus sur la table.
(EDIT: je viens de regarder à quelle hauteur nous serions imposés sur nos revenus locatifs si nous vivions en France et ce serait probablement à 47.2% également –mais nous bénéficierions des avantages sociaux d’une résidence française. Pour ceux qui sont intéressés par ce sujet (0.1% de mes lecteurs j’imagine), voir l’email que j’ai reçu de l’assistant parlementaire de notre député Roland Lescure et que je rajoute en commentaire de cet article.)
11. Pour aborder un tout autre sujet, j’ai réalisé qu’il était plus facile de faire certaines choses lorsqu’elles s’inscrivent dans une histoire. Je participe ce mois-ci au jeu minimaliste des 30 jours et je me débarrasse d’objets dont j’avais du mal à me séparer: un meuble que j’avais acheté sur mon premier salaire en Hollande, nos premières « belles » assiettes, une couverture souvenir de mon voyage à Madagascar… Le fait d’inscrire ces objets dans une histoire me permet d’en faire le deuil plus facilement. Les récits sont importants, on le sait, mais on ne les utilise probablement pas assez (je vous en reparlerai en lien avec la question écologique).
12. Enfin, j’ai redécouvert l’importance d’avoir un fond d’urgence aux Etats-Unis comme je l’évoquais dans cet article. Lottie s’est coupé le pied récemment et nous avons dû l’emmener aux urgences pour recoudre: nous venons de recevoir la facture et nous en avons pour 550 dollars de notre poche. Ce à quoi s’ajoute les 75 dollars des trois visites consécutives chez le médecin (25 dollars de franchise par visite). Donc 625 dollars à débourser. Comme Lottie s’est aussi coupé le pied cet été en France et que nous avons réglé la totalité de la facture des urgences nous-mêmes, la comparaison est très facile: nous avons payé seulement 80 euros en France, ce qui est je le reconnais très loin du coût réel des soins.
Sachant que 40% des adultes américains ne peuvent faire face à une dépense inopinée de 400 dollars (source), on voit à quel point la vie est précaire aux Etats-Unis et pourquoi il est important de préserver au mieux le filet de sécurité sociale français.
Sur ce, je vous souhaite une très belle saison d’hiver remplie de découvertes en tout genre (et si possible bonnes!)
Dans la même série:
- 13 choses que j’ai découvertes cet été (2018)
- 12 choses que j’ai découvertes au printemps (2018)
- 15 choses que j’ai découvertes cet hiver (2018)
- 11 choses que j’ai découvertes cet automne (2017)
- Ce que j’ai appris cet été (2017)
Sur le sujet de la fiscalité pour les Français résidant hors Europe, voici la réponse de l’assistant parlementaire de notre député:
Nous avons bien reçu votre courriel et nous vous remercions d’avoir pris le temps de nous écrire.
Concernant le relèvement du taux forfaitaire d’IR de 20 à 30%, il est le fruit d’un amendement déposé par le gouvernement dans le cadre des discussions sur le budget 2019. L’objectif poursuivi par celui-ci est d’inciter d’avantage les non-résidents à déclarer leurs revenus français et étrangers.
(Car, comme vous le savez peut-être, le taux forfaitaire s’applique lorsque vous déclarez vos revenus français. Si toutefois vous déclarez vos revenus français ET étrangers (*), vos revenus français sont imposés selon un « taux moyen », calculé sur l’ensemble de vos revenus déclarés. Le barème progressif et le système du quotient familial seront appliqués, comme pour un résident en France. Le but poursuivi par l’administration fiscale est d’avoir une image fidèle de vos revenus ; si vous la leur fournissez, alors vous êtes imposé conformément à leur niveau).
Si cet argument peut s’entendre en théorie, plusieurs éléments compris dans le dispositif proposé par le gouvernement nous posent problème (taux non personnalisé pour la retenue à la source, mauvaise prise en compte de certaines situations, etc). Surtout, cette révision de l’IR pour les non-résidents demeure assez éloignée de l’esprit de ce que proposait Mme Genetet dans son rapport sur la mobilité des français de l’étranger, à savoir l’application pure et simple du barème progressif sur les seuls revenus français. L’ensemble de ces considérations ont motivé son choix de ne pas soutenir cet amendement du gouvernement.
Soyez certains que nous souhaitons faire tout notre possible afin de lutter contre cette double peine pour les Français de l’étranger établis hors d’Europe, qui se verront imposés d’une augmentation d’imposition et toujours soumis aux prélèvement sociaux.
Nous avons conscience que cela n’est pas satisfaisant, et nous ne pouvons vous assurer que nous parviendrons à corriger la trajectoire engagée. Soyez toutefois assuré que Mme Genetet et M. Lescure mettront tout en œuvre pour y parvenir et faire entendre votre voix à cette occasion. Nous avons proposé en Commission la semaine dernière et fait adopter un plafonnement de la hausse de l’Impôt sur le revenu : les revenus inférieurs à 27 700 € de source française resteront soumis au prélèvement de 20%.
Nous allons continuer de nous battre pour supprimer la CSG des résidents hors d’Europe car c’est la seule solution équitable pour que cette réforme ait du sens. En attendant, nous avons au moins pu limitée aux plus hauts revenus la hausse des impôts proposée par Bercy et encourager la transparence.
Bien à vous,
Tony Lopez
Assistant parlementaire
Roland Lescure
Député des Français.e.s d’Amérique du Nord
Président de la Commission des affaires économiques