{TAG} Ce que j’ai appris cet été

J’ai vu ce sujet de billet sur le blog d’Emily P. Freeman (en anglais) et je me suis dit que c’était une belle idée à importer dans la blogosphère francophone: dresser une fois par saison la liste des choses que l’on a découvertes/réalisées/apprises. Je fais partie de ces personnes qui souhaiteraient pouvoir aller à l’école toute leur vie tant j’aime apprendre et découvrir de nouvelles choses. Je pense aussi que cela participe à la pulsion de vie qui nous anime et nous permet d’évoluer. Se mettre en situation d’apprentissage (pas forcément scolaire, c’est finalement la vie qui se charge de nous enseigner le plus de choses!), c’est faire sienne cette citation « L’homme n’est pas, mais il devient » (je crois qu’elle est d’Albert Jacquard, inspiré d’Erasme : « On ne naît pas homme, on le devient »), et je voudrai donc à travers ce sujet partager ces choses petites et grandes qui me font devenir un peu plus chaque jour.

Je vous ai déjà dit que j’aimais les choses un peu kitsch? 😉 (Photo de notre road-trip pour voir l’éclipse de soleil).

J’ai mis un {TAG} devant le titre pour attirer l’attention des blogueurs et blogueuses, parce que ce serait vraiment chouette d’en faire une ronde des blogs trimestrielle. Je ne vais tagguer personne mais si le sujet vous inspire, n’hésitez pas à le faire et à venir mettre un commentaire ici ou à m’envoyer un email: je mettrais les liens vers vos articles en fin de billet.

Sans autre forme de bavardage, voici les huit choses ce que j’ai apprises cet été 2017:

1. Utiliser le mot « francophone » plutôt que « français » lorsqu’on parle des activités en langue française. Malgré toutes mes expériences à l’étranger, je ne m’en suis vraiment rendue compte qu’à Pittsburgh, car la communauté francophone y est plus petite et plus diversifiée. Puis j’ai appris ce chiffre: il y a 284 millions de francophones de par le monde et les presque 67 millions de Français n’en représentent donc que 23%!

2. Décidemment, je préfère le système de santé français qu’américain : nous avons une fois de plus pu nous en rendre compte en situation d’urgence alors que nous visitions Minneapolis. Nous venions tout juste de nous installer dans notre Airbnb et de coucher les enfants, soulagés de finir cette journée de voyage un peu fatigante. Ozzy, 11 mois, toussait et avait beaucoup de mal à respirer. Après une grosse quinte de toux, je l’ai surpris en train de trembler de tous ses membres dans son petit lit parapluie. Immédiatement, je décide de l’emmener aux urgences. Oui mais: la question n’était pas seulement « où aller ? », c’était aussi: « où aller pour que les soins soient pris en charge par notre assurance ? » (tout ce qui dépasserait les $125 de franchise que nous devons de toute façon payer pour ce genre de consultation). Nous téléphonons donc à notre assurance qui nous donne une liste d’hôpitaux. Nous filons vers le premier, nous garons et allons à la porte: l’hôpital était fermé et ne traitait en fait pas les urgences. Nous rappelons donc l’assurance pour avoir la liste des hôpitaux couverts ET qui avait des urgences (emergency room): la personne au bout du fil était dans l’incapacité de nous fournir ces informations.

Arrivée à Minneapolis: on ne savait pas que 5 heures plus tard, on aurait déjà visité 3 hôpitaux!

A ce stade, j’étais très inquiète pour mon bébé qui avait beaucoup de mal à respirer et c’est là que j’ai vraiment regretté de ne pas être en France… (Je précise que nous aurions pu faire le 911 pour avoir une ambulance, mais son état nécessitait simplement l’avis d’un médecin et ce n’était pas la peine de déployer le grand jeu). Nous décidons donc de tester le deuxième hôpital de la liste: cette fois, il y a bien des urgences qui nous admettent. Oui mais: ce n’est pas l’hôpital où il faut aller avec les enfants (j’imagine que la dame au bout du fil n’avait pas non plus de filtre pour les hôpitaux pédiatriques). Un médecin a quand même vérifier qu’Ozzy n’était pas en situation d’urgence vitale et nous sommes repartis pour ce troisième hôpital, dans lequel nous avons pu enfin être pris en charge. Finalement, il s’est avéré qu’Ozzy n’avait qu’ « une » laryngo-trachéo-bronchite (ou croup) et tout est rentré rapidement dans l’ordre, mais dans cette ville inconnue où nous avions atterrit il y avait moins de cinq heures, nous avons mis plus d’une heure à trouver une structure qui nous accueillaient et prenaient en charge notre assurance santé. Désolée pour la longueur de ce point, mais je voulais vous raconter cela car à mon avis, le système de santé français n’est peut-être pas parfait, mais il est en tout cas bien mieux que le système américain (pour tout un tas de raison, pas que du fait de mon histoire).

Tout est bien qui finit bien: repos réparateur après la nuit aux urgences.

3. Du coup, cette petite nuit aux urgences nous a permis de faire une découverte supplémentaire: à cause du mouvement anti-vaccin, l’Etat du Minnesota connaît une résurgence de la rougeole, avec 79 cas répertoriés depuis mars 2017 et plus de 8200 personnes exposées. Vingt-deux personnes ont dû être hospitalisées à cause de cette maladie (heureusement, il n’y a eu aucune mort jusqu’ici) (source). Conséquence: dans la salle d’attente de l’hôpital, il était obligatoire de porter un masque pour se protéger (ou protéger les autres). Seulement : Ozzy ne pouvait pas vraiment le faire (essayez de faire porter un masque à un bébé de 11 mois qui n’arrive déjà pas à respirer…) et je peux vous dire que j’ai été très parano pendant ces trois heures d’attente. Notre petite Lottie a été bien courageuse et a porté son masque presque tout le temps, mais ce n’était pas les trois heures les plus confortables de son existence.

Les joies générées par les campagnes anti-vaccins.

4. Après toutes ces plaintes (je reste bel et bien française 😉 ), voici une chose que j’ai apprise (ou réapprise) d’un peu plus positif: tout vient à point à qui sait attendre. J’avais raté l’éclipse totale de soleil de 1999 (je travaillais sur Lyon et ne pouvait pas me rendre dans le chemin de totalité) et cela faisait 18 ans que j’en étais frustrée. Cette année, le chemin de totalité de l’éclipse qui a traversé les Etats-Unis en août était encore plus loin (1000 km), mais avec les enfants en vacances, c’était l’année ou jamais. Nous y sommes donc allés et j’ai pu enfin voir une éclipse de soleil totale!

18 ans d’attente pour arriver à cet endroit très précis!

5. Une éclipse de soleil, c’est un peu surfait: eh oui, comme je le disais, je reste française et je trouve toujours des choses à redire. Nous étions dans de très bonnes conditions et nous avons bien vu l’éclipse en elle-même, le changement de luminosité, le petit frisson lorsque le Soleil disparait entièrement derrière la Lune, la magnifique couronne solaire, l’excitation d’assister à un évènement réellement cosmique… Bien sûr, c’était magnifique et je referais ces milles kilomètres sans problème. Mais je vous avoue: je m’attendais à voir les étoiles. Et parce qu’il y avait encore trop de lumière pour que les étoiles apparaissent (la faute à cette fameuse couronne!), j’ai été déçue…

On n’a pas vu les étoiles 🙁

6. Faire 10 heures de voiture dans une journée n’est pas un exploit, c’est une mauvaise idée: donc, nous avons dû faire mille kilomètres en voiture pour satisfaire l’adolescente de 18 ans qui sommeille en moi. A l’aller, nous avons fait une étape au milieu histoire de rendre le voyage plus supportable pour les enfants. Au retour, nous sommes partis tôt, nous avons bien roulé et fait des pauses sympa (un petit café avec une immense salle de jeu attenante, un terrain de jeu où Lottie s’est fait une petite copine…) et nous avons décidé en fin de journée de rentrer directement à la maison plutôt que de payer une nouvelle nuit à l’hôtel (départ vers 9h du matin et arrivée vers 1h le lendemain). Nous n’étions pas peu fiers de notre maîtrise du road-trip avec deux jeunes enfants ! Deux semaines plus tard, nous avons dû de nouveau faire une visite aux urgences pour mon mari qui avait mal au poumon. A cause de ce voyage de 10 heures non-stop, les docteurs lui soupçonnaient un caillot sanguin qui aurait pu le conduire à une opération. Finalement, tout s’est bien fini pour lui et l’hypothèse du caillot sanguin a été écartée, mais je peux vous dire que pendant la journée qu’on a passé aux urgences, on était bien moins fier de nos 10 heures de route d’affilée.

Arrivée à Pittsburgh après 10 heures de route: on ne le refera plus.

7. La forêt derrière chez nous n’est pas du terrain perdu: j’avais ce regret depuis que nous avons acheté notre maison il y a presque deux ans. La moitié de notre terrain est couvert de forêt dans laquelle nous n’allons pas car c’est un repère pour les tiques et le poison oak (deux dangers naturels aux Etats-Unis). Puis cet été, j’ai enfin réalisé que cette forêt n’était pas du terrain de perdu: grâce à elle, nous avons un jardin relativement privé et c’est finalement une chance.

La fameuse forêt.

8. Je suis capable de remettre mes inquiétudes à plus tard: depuis 5 ans que je suis aux US, et pour diverses raisons, j’ai un cheminement professionnel un peu hors des clous. Il est temps que je me penche un peu plus sur la question et j’avoue que c’est une source d’angoisse. Mais cet été, je voulais aussi profiter des vacances des enfants et continuer à travailler sur mes projets plus créatifs. On m’avait donc conseillé de « remettre mes inquiétudes à plus tard » et de profiter de ces mois d’été un peu particuliers (delay your concerns until September). Un challenge pour quelqu’un d’angoissé qui a tendance à beaucoup ressasser! Et pourtant, j’y suis arrivée. Ce qui m’a aidée: de façon rigolote et inattendue, une petite phrase prononcée par Amy dans le dernier épisode de Bing Bang Theory (#23, S10) : « We’ll cross that bridge when we come to it ». Avoir ce visuel du pont, du chemin qui y mène et de celui qui en repart, a été un très bon outil.

On traversera ce pont lorsqu’on y arrivera. Et peut-être même qu’on s’y arrêtera pour voir la rivière couler… (photo prise à Phipps, le splendide jardin botanique de Pittsburgh).

Voilà pour les huit choses que j’ai découvertes ou apprises cet été. Je vous donne rendez-vous en décembre pour faire un petit bilan des choses que j’aurais apprises cet automne.

Et vous, quelles sont les leçons ou les découvertes que l’été vous a apportées ?

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AdA
AdA
6 années il y a

« Utiliser le mot « francophone » plutôt que « français » lorsqu’on parle des activités en langue française. Malgré toutes mes expériences à l’étranger, je ne m’en suis vraiment rendue compte qu’à Pittsburgh » : oui, enfin, surtout parce que l’Alliance Française à Pittsburgh est un repère d’Américains friqués et que l’association créée par les Français en retour a mis francophone dans son nom … (et à juste titre)

AdA
AdA
6 années il y a
Répondre à  Lily

Ce ne sera pas facile, ils ne font strictement rien …..
Enfin, j’espère que tu apprécies Pgh, à tous les niveaux, pas seulement francophone …. 😉

Cochonou
Cochonou
6 années il y a

Pour ta prochaine éclipse (dans 18 ans), essaie de la voir en ville !
L’ambiance est assez différente – avec une petite touche post-apocalyptique ! Et puis en ville comme on a déjà l’habitude de ne pas voir les étoiles, tu ne seras pas déçue !

En tout cas, il semblerait que a couronne était beaucoup plus structurée durant cette éclipse que durant celle de 1999. Les récits (et les photos) font part de grandes trainées partant du soleil.
Alors que durant celle de 1999, c’était bien symétrique (en tout cas vu de mon oeil…)

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