Je vous retrouve aujourd’hui pour un petit bilan de l’évolution du bilinguisme anglais/français chez Lottie et Ozzy, respectivement 5 ans et 2 ans. Bien sûr, l’évolution du langage est différente chez tous les enfants, encore plus lorsqu’ils vivent entre plusieurs langues, puisque tout dépend des conditions d’expositions : parents, école, âge, durée etc… bref, tout cela pour vous rappeler que cet article n’a que valeur de témoignage et en aucun cas de généralité (*).
Commençons par Lottie : comme le laissait supposer la conclusion de l’an passé, l’anglais est devenu sa langue dominante. Elle joue toute seule systématiquement en anglais et même si elle nous parle très bien français, des mots d’anglais se glissent de temps en temps dans ses phrases, ce qui à ma connaissance n’arrive pas lorsqu’elle s’exprime en anglais. Il lui arrive même d’avoir un petit accent américain, au demeurant fort mignon, lorsqu’elle parle en français.
Nous sommes allés en France cet été et même après sept semaines, c’est encore dans la langue de Shakespeare qu’elle jouait toute seule. Il faut dire que nous la laissions regarder la télé en anglais pour entretenir son niveau, ce qui a peut-être aidé à son maintien durant cette période (ce qui était d’ailleurs le but).
Petite anecdote : lorsque nous étions à Paris cet été, j’ai eu la surprise d’entendre Lottie s’adresser à une maman dans la rue en la tutoyant : j’ai alors réalisé qu’elle n’était pas du tout familière avec le « vous » de politesse ! En effet, nous parlons en français principalement avec la famille ou les amis et la communauté francophone de Pittsburgh est si petite que nous nous donnons facilement du « tu » – sans parler du fait que les relations entre expat sont teintées de la convivialité américaine qui ne connait pas le « vous » ! L’apprentissage de ce « vous de politesse » ne va donc pas se faire tout seul et il va falloir que nous le lui apprenions de manière explicite.
Un petit mot concernant l’écriture et la lecture: Lottie était en deuxième année d’école Montessori (ce qui correspondrait à la moyenne section en France) et elle entame la semaine prochaine la troisième année (grande section). Elle peut écrire et recopier les lettres plutôt bien en écriture script, l’écriture cursive étant enseignée plus tard voire pas du tout aux Etats-Unis (lire mon billet d’il y a 2 ans sur le sujet). L’année passée, elle rapportait régulièrement des petits livres de l’école que nous devions lire avec elle le soir et était capable de déchiffrer des mots de 3 lettres en anglais comme « The cat sits » ou « Bob is in the car ».
Néanmoins, et malgré le fait qu’elle passe énormément de temps à regarder des livres et que nous commençons à en avoir pas mal en anglais à la maison, elle n’a pas l’air très motivée pour apprendre à lire par elle-même : même si je l’ai rassurée à ce sujet, son raisonnement est que si elle apprend à lire toute seule, nous ne passerons plus autant de temps à lui faire la lecture. Elle est encore jeune et je ne veux surtout pas lui mettre une quelconque pression, aussi je fais confiance à sa maîtresse et à l’école en général pour la faire progresser. Bien sûr, je sais qu’il faudra que nous soyons très actifs sur son apprentissage de la lecture et de l’écriture en français, mais je me dis qu’elle a encore le temps et que nous verrons cela une fois que l’anglais sera maîtrisé ou si elle devient demandeuse.
Quant à Ozzy, je suis très fière de mon bébé puisqu’il s’exprime plutôt bien et fait déjà des petites phrases: « Il est où le bâteau ? » « Ha, elle est là la voiture ! » etc. Pendant quelques mois, il utilisait beaucoup un petit « oui » adorable lorsqu’il répondait à nos questions, puis il est passé au « OK ». Je le soupçonne d’avoir compris que le mot marchait aussi bien à la maison qu’à la crèche, et il faut dire que je l’utilise aussi beaucoup.
Comme sa sœur, et tous les enfants bilingues en général, il me surprend toujours à être capable de faire très bien le distinguo entre les deux langues : lorsque je lui pose une question en français, il me répond par « oui » (ou « OK »), et par « yes » lorsque je la lui pose en anglais.
Pour l’instant, les interactions entre Lottie et Ozzy se font en français, nous verrons si cela est amené à évoluer l’année prochaine puisqu’Ozzy va de plus en plus interagir avec ses pairs.
Encore une fois, et comme l’année dernière, je suis toujours très humble face à l’acquisition du bilinguisme par mes enfants, et surtout de tout ce que cela implique en termes d’influence de la société sur une personne, qui me semble au moins aussi grande que celle de la famille – ce qui est à la fois source de réflexions et libérateur pour les parents.
(*) Pour information, Lottie et Ozzy sont nés aux Etats-Unis, mon mari et moi parlons uniquement français entre nous et avec eux. Ils sont entrés dans des structures éducatives anglophones à partir de 5 mois et 6 mois (daycare puis preschool), où ils vont presque quotidiennement lorsque nous ne sommes pas en France (nous y faisons des séjours de quelques semaines tous les 18 mois environs). Notre entourage social se compose à moitié de francophones et à moitié d’anglophones.
Dans la même série:
« Comme sa sœur, et tous les enfants bilingues en général, il me surprend toujours à être capable de faire très bien le distinguo entre les deux langues » : ouais, bah moi, j’en connais un de 6 ans qui comprend parfaitement les deux langues mais qui ne sait jamais de quelle langue il s’agit 😉 😉
Cela dit, contrairement aux tiens, il répond toujours en anglais (avec des mots en français de temps à autre) …